mercredi 20 février 2008

Pourquoi je veux changer de métier ?

C’est une excellente question, n’est-ce pas ? Il n’est pas toujours évident de faire un travail d’introspection. Mais essayons.

C’est surtout le fruit d’une rencontre qui s’est transformée en désir de changement. Et ce désir en « pourquoi pas » ? Cette idée de blog est née aussi d’une discussion anodine que j’ai eue avec un journaliste Hugues Serraf. Lorsqu’il était, il y a trois ans, au chômage, il a eu l’idée de créer un blog de réflexions politiques et de sociétés décalés, comme ça, juste pour le plaisir. Depuis, il a retrouvé du travail mais il a continué à nourrir quotidiennement son blog. Il a maintenant ses « adeptes » et de ses analyses, surtout politiques, il va en sortir un livre. Beau parcours. A mon tour, il m’est venu alors l’idée de la création de ce blog pour fédérer une communauté de partage et d’expériences autour du récit de vie.

J’ai un peu de temps devant moi pour explorer, questionner. Le temps est aujourd’hui une denrée rare. Je culpabilisais, c’est vrai au départ, de ne plus suivre le mouvement effréné de la société, d’être toujours dans le «faire », et si peu dans « l’être ».
Course sans fin qui nous empêche de prendre du recul, de réfléchir à ce que nous souhaitons vraiment. Pour qui et après quoi courrons-nous ? Dans quel but ? Quel est le sens de tout cela ?

Je ne renie pas tout le chemin, un peu en zigzag, un peu illogique que j’ai pu réaliser dans ma vie professionnelle. Mais maintenant, j’ai un peu le temps de me poser. De ce temps, on me l’offre et je le prends. Mais il reste toujours difficile de se sonder, d’explorer ses envies et de prendre le risque, peut-être, de rouvrir la boîte de Pandore, de désirs refoulés, de nos expériences douloureuses que nous avons crû à jamais volatilisés. Mais tout cela n’a fait qu’enfler dans l’ombre, pour qu’un jour ou l’autre, nous rattraper.

Oui, c’est de sens et de partage dont j’ai besoin, de cohérence surtout, par rapport à mes aspirations et ce que je vis réellement. M’intéresser à la vie des autres permet, paradoxalement, de nourrir aussi la mienne. De ce désir de changement, je rencontre parfois chez les autres du sarcasme, des résistances, de l’incompréhension. Et même chez certains biographes, j’ai rencontré beaucoup de réticences à partager leur « vécu » du métier… Alors qu’importe, avançons. J’apprends à me faire confiance et à suivre mon intuition. Cependant, aller vers l’inconnu, au-delà des chantiers battus, est loin d’être évident.

Il y a bien sûr les exigences de l’indépendance : la gestion, la comptabilité, la commercialisation… Et puis l’isolement. Trouver des sas de décompression d’autant plus nécessaires que ce métier est bien « isolant » face à la page blanche. Il me faudra surpasser « mes freins intérieurs » et de me laisser le temps (et oui encore !).
Aux dires de certains, il faut compter « manger au départ beaucoup de pâtes au beurre ». En gros, ramer beaucoup avant d’y arriver vraiment. Il est même conseiller de cumuler, au début, avec une autre activité. Je continuerai donc, pour un moment, mon métier de la journaliste… à la pige.

J’aime écrire. Première piste. Ecrire pour être proche des gens. J’aime « l’humanité » qui se trouve en chacun de nous, faire ressurgir de ce qu’il y a de meilleur en nous-mêmes. De nos expériences que nous pensons être insignifiantes peuvent se révéler un vrai trésor pour les autres. Et cette transmission d’un « savoir de la vie » passe par l’écrit. L’écrit jeté sur le papier ou sur un écran d’ordinateur, noir sur blanc, aide à faire le point, à trouver peut-être le courage de tourner la page, d’aller de l’avant.

Voici des propos que j’ai relevés quelques part lors de ma pérégrination sur Internet. Je les emprunte donc à l’auteur sans savoir qui il est – car j’ai oublié le nom- sauf qu’il est lui-même écrivain : « les mots font partie des clés menant à la compréhension de nous-mêmes. Ils ont beaucoup à nous apprendre. Rien n’est sans justification, ni la prononciation, ni l’écriture. Être écrivain, ce n’est pas écrire pour soi mais offrir ses services à l’autre. Ecrire pour transmettre ; écrire pour s’ouvrir aux autres. Les paroles s’envolent, les écrits restent ».

Un projet sommeille en moi, encore balbutiant. Mais à mon insu, cela prend tout doucement forme. Il suffit parfois d’une phrase, d’un échange pour que cela surgit, pour que les pièces du puzzle se mettent en place, doucement, mais sûrement. C’est pourquoi connaître l’expérience d’autres biographes m’aide à nourrir mon cheminement. Il sera sans doute question de « Récit à tenir debout », après un deuil, le passage d’une longue maladie… autour d’un groupe de personnes, pour que la parole se libère, pour que l’expérience, aussi douloureuse soit-elle, puisse être partagée, enfin… et permettre à chacun de se réapproprier son histoire et lui donner sens, par le pouvoir des mots.