mardi 29 janvier 2008

Des débuts difficiles avec des pâtes au beurre

Je continue mon enquête. Il y a deux ans, j’ai réalisé un reportage sur les habitants d'une cité de la ville de Sarcelles qui témoignaient devant un parterre de jeunes gens de leur vie d'anciens migrants. Frédéric Praud était celui qui posait les questions. Il est écrivain public biographe.

Gâce à son association Paroles d'hommes et de femmes, il mène un travail d'action éducative au sein des écoles à travers deux de ses programmes "100 témoins 100 écoles" et "Mémoires croisées : la mémoire source de liens social". Cette transmission de la mémoire à travers l’écriture m’a passionnée.

Cet homme, je l'ai récemment contacté pour lui demander son avis et des conseils quant à ma démarche. Lui-même, il a commencé son activité en 1999. Il était l'un des tous premiers à s'être lancé. Selon lui, il ne se passe pas un seul jour sans que d'anciens journalistes ne se lancent dans les récits de vie. Dans les six mois, 90% d'entre eux abandonnent en route. "Il ne suffit pas de savoir écrire et d'être à l'écoute. Il est important de faire partie d'un réseau et aussi de démarcher. Ce n'est pas chose facile!", me dit-il.

D'après lui, il faut moins deux ans de durs labeurs pour en récolter les fruits "en mangeant beaucoup de pâtes au beurre sans rien d'autres dedans!". Le bon moyen de se former est d'essayer au récit de vie avec une personne de son entourage : un parent, une amie... Bon à savoir : pour une question de rentabilité (Oh! quel vilain mot! Mais qui est un pourtant une réalité pour qui souhaite vivre de cette activité...), pour retranscrire une interview de 90 mm, il faut compter au moins quatre heures. Cependant, Frédéric Praud, surtout auprès des institutions proposent un forfait global, plus facile à gérer, plutôt que de se faire payer à la séance ou à l'heure (pratique courante auprès des particuliers).

Il a aussi évoqué l'existence d'une formation dispensée à la Sorbonne (Paris 3) : une licence professionnnelle "écriain public, assistant en démarches administratives et en écritures privées". Elle admet 25 étudiants et forme des professionnels de l'écriture capables de répondre aux besoins à la fois de la collectivité et des personnes privées. Les débouchés se trouvent dans :
- le secteur social, socio-éducatif, ou socioculturel (mairies, associations...)
- le secteur libéral (cabinet d'écrivain public)
- les entreprises de l'édition
- les entreprises à la recherche d'un écrivain public pour des travaux de rédaction, de correction ou de réécriture.
Les étudiants devront par la suite effectuer 400 heures de stages pour multiplier les expériences et se frotter à la réalité du terrain. Les cours ont lieu tous les jeudis et les vendredis.

L'enquête se poursuit...

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